Poème
 

Fête-Dieu


Matin du Saint Jeudi, ils sont déjà tous là
Monseigneur de Fribourg et gens de la Sarine,
Adorant longuement au son de la clarine,
Celui qui par amour, trop humains les créa.

Que de prières dites, et que d'Ave Maria!
Tout pleins de foi ils vont, chantant comme à Matines,
Tantum Ergo sans nombre et musiques divines.
Un ostensoir en or accueille leurs Gloria!

Baignant tout de sa pompe, une fanfare suit.
Le soleil luit pour elle, et dissipe la nuit,
Déposant sur ses cuivres un fier reflet d'argent.

Seigneur, regarde-les! Reçois sans réprimande
Ce peuple adorateur et ses parfums d'encens
Te faire leur grandiose et dérisoire offrande.
 
 

 

 
 

Avez-vous déjà lu le poème
Nuit tombante
de Le cavalier sous l'orage ?

 
  Présentation par l'auteur
 
 

Un texte sur cette bonne vieille Fête-Dieu de Fribourg, qu'on aime et qu'on vilipende - peut-être justement parce qu'on l'aime. Inspiration dominicale, rapide, avec ses limites... et un soupçon de grappa pour faire passer le tout.

 
  Commentaires
 
 

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Francey Vincent - vincent.francey @ mail.com :
"L'un chante en sonnet la Fête-Dieu, l'autre, plus prosaïquement, la vilipende. Ce poème, jolie réponse à ma diatribe anti-chrétienne, incarne l'ordre et la tradition. C'est un sonnet classique qui se lit calmement, et qui se déroule comme attendu, procession multiséculaire qui charme et rassure parce qu'elle ne remet pas en cause le discours tel qu'il doit avoir lieu. Tout est dans la forme. Soit on reprend ce que nos illustres prédécesseurs nous ont légué. Soit on refuse leur don et on sème la pagaille dans la trop sage procession de la poésie traditionnelle, quite à ne pas être compris et à choquer. " ( 13.09.2006 )

Alphace :
"Très joli sonnet. L'auteur se pose en observateur un peu blasé par les hommes de la traditions, qui cherchent le réconfort dans des processions sans fin tous les ans à en oublier la cause. "Seigneur, regarde-les!" Toute mon interrogation vise ces mots. L'auteur est-il croyant, ou, par ironie interpelle leur Dieu - à eux - et le plaint, tellement la conduite de son peuple ressemble au troupeau de Panurge ?
Bel exercice critique sur le luxe des argents luisant au soleil, qui contraste avec leur dérisoire offrande.

La structure du sonnet est sans faille, sonnet qui se veut fluide et qui nous entraîne dans cette marche cadencée au son de la clarine. Merci." ( 17.09.2006 )

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